INDIA

Vanakam Pondichéry !

Je décidais de partir à la découverte d’un ancien comptoir Français : Pondichery. Ville entre deux continents, mêlant l’Inde et la France, Pondy pour les intimes, pleine de charme et de douceur.

Le contenu Google Maps ne s'affiche pas en raison de vos paramètres des cookies actuels. Cliquez sur la politique d'utilisation des cookies (Fonctionnels) pour accepter la politique d'utilisation des cookies de Google Maps et visualiser le contenu. Pour plus d'informations, consultez la politique de confidentialité de Google Maps.

Quelques images, pour vous donner envie d'y aller...

Par une chaude fin d’après-midi de juin, je découvre l’Etude de Maître VINCENT, Avocat et Notaire : carrelage blanc au sol et aux murs, armoires en bois garnies de recueils de jurisprudence, étagères en fer croulant de dossiers, petit autel en l’honneur de Marie et bâtons d’encens : rien à voir avec les Etudes de Notaire que j’ai pu voir en France. Cinq personnes travaillent avec lui.

 

Me VINCENT est avant tout un lawyer. Après dix années de pratique il a pu devenir Notaire. Pas de surprise dans un pays colonisé par les anglais : c’est un Notary public à l’anglo-saxonne, c’est-à-dire ayant essentiellement un rôle de certificateur. Une loi de 1952 régit la profession. En revanche, il me fait découvrir le droit indien de Pondy, encore si influencé par notre cher Code civil : qui l’eut cru ! Patiemment, il répond à mes questions, dans un anglais où quelques mots français viennent se glisser. Sa femme, professeur au Lycée Français, me parle dans un français parfait ; leurs enfants sont trilingues : ils maîtrisent le français, le tamil et l’anglais !


Quelques jours plus tard, grâce à Me VINCENT, je rencontre Monsieur Richard, sous-officier de l’Etat civil à la mairie de Pondy, parfaitement francophone. Vestige de la présence française, on parle encore de « l’hôtel de ville » ; l’inscription figure d’ailleurs sur le fronton d’un bâtiment en très mauvais état.


Pendant une matinée, Monsieur RICHARD, me fait découvrir le fonctionnement des services de l’état civil de Pondichéry, me montre les registres d’état civil, me présente les méthodes de délivrances des certificats de naissances, de mariage ou de décès et m’initie à la rédaction d’un extrait d’acte de mariage. Après autorisation spéciale, il m’ouvre également les portes des archives. J’ai pu tenir entre mes mains de vieux registres français datant pour certains de 1880 : quelle chance ! Ces anciens documents, si fragiles entre mes mains, que je me demande finalement s’il était raisonnable de les toucher et surtout, s’il est raisonnable de les conserver dans de simples bureaux, dans lesquels il n’existe nulle protection contre l’incendie. Et pourtant ! Il s’y entasse une quantité astronomique de paperasse, de registres et de trésors historiques.


Là encore quel étonnement : à Pondichéry les registres de mariage sont encore écrits en français, d’une belle écriture ; car oui : notre droit français régit encore certaines unions ! Belle découverte ! Avant la réforme de 1969 de l’état civil indien, les registres de Pondichéry étaient rédigés en français.


Le droit indien se veut aussi multiple que l’est cette société, où les religions, les langues, les cultures sont si nombreuses. Le système juridique indien est composé de différentes strates. Connaître ce droit, c’est maîtrisé les textes et la jurisprudence, le droit fédéral et local, le droit lié au statut personnel et religieux de chaque citoyen et enfin les particularités locales, telle à Pondy, les réminiscence du droit français.


                                                      NANDRI !

 

 

Petit rappel historique : trois siècles de présence française à Pondichéry,


Acheté par la Compagnie des Indes en 1676, au Sultan de Bijapur, ce petit comptoir français devient très vite prospère. Dupleix, futur gouverneur, déclare en 1731 dans un Mémoire adressé aux directeurs de la Compagnie : "Ce serait entrer dans un trop long détail que de traiter des différentes espèces de marchandises que produit ce pays. Il suffit de dire qu'elles y sont en abondance et propres à tous les différents commerces, qu'elles produisent en Europe un profit considérable." ( P. Haudrère et G. Le Bouëdec, Les compagnies des Indes, Éditions Ouest-France, 2010, p. 50). L’essor de Pondy est tel qu’il attire les anglais. La Compagnie anglaise des Indes orientales ne va cesser de faire la guerre aux français en vue de prendre le contrôle de la ville : celle-ci sera occupée ( et pillée) trois fois par les anglais. Durant la seconde guerre mondiale, Pondichery devient un Territoire d’outre-mer comme l’ensemble des comptoirs français. Dès 1947, l’Union indienne réclame le transfert de souveraineté sur les comptoirs, ce que la France refuse. Il faut attendre la signature du traité du 28 mai 1956 qui entérine la cession de Pondy à l’Inde mais surtout, sa ratification en Août 1962 par le Parlement Français pour qu’enfin Pondy (re)devienne indienne !
Pour un point sur la présence française actuelle en Inde, se reporter aux chiffres établis par le sénat, consultable http://www.senat.fr/rap/r98-476/r98-4766.html.